Ça n'a pas été trop compliqué de faire venir le prix Goncourt ?

Non, au contraire, ça a été simple. Pour la simple raison que j'ai décidé de l'inviter avant qu'il ne reçoive le prix Goncourt. Alabama Song est sorti fin août. J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce livre. J'en ai alors parlé à notre représentant Mercure de France, la maison d'éditions de Gilles Leroy. J'ai été étonné qu'aucun autre libraire de Basse-Normandie ne l'ait sollicité car c'est un auteur incroyable. Du coup, il n'avait pas un agenda chargé, du moins avant le prix Goncourt (reçu le 5 novembre). On a fixé le rendez-vous au 24 novembre. Tout ce serait bien passé s'il n'y avait pas eu ces fameuses grèves des trains...

Elles avaient déjà compromis la venue d'auteurs locaux le 15 décembre dernier. Vous êtes toujours confrontés à autant d'obstacles ?

Oh non ! J'ai organisé plusieurs salons du livre avec une cinquantaine d'auteurs et jamais je n'ai eu de désistements. Là, ce n'était vraiment pas de chance. Mais Gilles Leroy est quelqu'un de très gentil. Il nous a envoyé un mail pour s'excuser : « les dix jours de grève m'ont laminé ». On a eu des échos comme quoi il ne voulait pas venir dans une petite ville mais ce n'est pas vrai. Il nous a promis de venir et le fera samedi prochain.

Qu'attendez-vous de sa venue ? Des retombées financières ?

Je ne le fais pas pour ça. D'ailleurs, à l'heure qu'il est, pas mal de lecteurs ont déjà acheté Alabama song. L'essentiel, c'est la rencontre. Je veux faire découvrir des auteurs. Aujourd'hui, Gilles Leroy est reconnu mais pas connu des lecteurs. Une fois qu'ils l'auront rencontré, ils comprendront mieux son oeuvre. On ne fait pas de signature pour faire venir beaucoup de monde. Si on voulait faire exploser les ventes, on ferait uniquement des dédicaces de Paul (Bedel) !

Vous organisez régulièrement des rencontres. C'est un sacré boulot !

Ça fait partie du travail de libraire. D'ailleurs, nous recevons des aides du centre régional de Basse-Normandie pour compenser les frais d'invitation. Aujourd'hui, une librairie qui ne fait pas venir d'auteurs, c'est par choix et non par manque de moyens. Pour ma part, j'y consacre une demi-heure à une heure par jour. Le secret, c'est le carnet d'adresses. Sans ça, je ne mettrais pas trois mois à faire venir des auteurs nationaux, mais un an. Ça arrive, mais c'est rare.

Comment choisissez-vous les auteurs que vous invitez ?

Je lis bien sûr leur livre et je fais toujours en sorte de faire venir des gens sympas. Ce qui est le cas de Gilles Leroy. En plus, son livre est un très beau texte, un très bel hommage aux femmes. Il est reconnu, a publié une dizaine de bouquins aux éditions Mercure de France. Cette fidélité est louable. C'est pour ça que l'on présentera l'ensemble de son oeuvre. Gilles Leroy se dit réjoui « de passer la journée à Coutances dont il a quelques souvenirs d'enfance ». Ça risque d'être intéressant !

Propos recueillis

par Ingrid BRUNSCHWIG.

Pratique. Gilles Leroy sera présent samedi 5 janvier de 14 h à 17 h à la librairie Place Média, 43, rue Saint-Nicolas à Coutances (tél. 02 33 19 17 17). Il sera accompagné par son éditeur Jean-Michel Décimo.